RAPPORT
SYNTHETIQUE DE NOTRE ARRESTATION
En la
date du 07 mars 2017, nous avions prévu une réunion dans notre district de Kamanyola
où nous avions programmé certaines activités. Pendant que nous venions de commencer
presque toute un bataillon sérieusement armé et avec une fureur nous a encerclé.
Certains d'entre eux avec un air très menaçant sont entrés dans la maison et nous
ont intimidé sérieusement nous disant de ne rien faire sinon nous risquons des
balles. Nous avons obéi et ont fait des fouilles dans d'autres chambres pour voir
s'il n'y a personne. Ils ont pris tout ce que nous avions, argent, téléphones et
tous les autres effets sur nous puis nous avons vu que c'était une arrestation.
Ils n'ont pas voulu que nous disions mot parce que c'était la terreur vraie.
Nous avons
été arrêtés sans savoir exactement la cause. On apprendra que des gens sont partis
leur rapporter que dans la maison là il y a un groupe des militaires et étrangers
qui sont entrain de planifier la guerre, d'autres versions ont dit que ce sont les
gens avec qui on était qui nous ont trahis. Alors on ne sait pas ce qui a été au
juste mais ce que nous savons le service de renseignement nous cherchait et nous étions une bonne marchandise que celui
qui savait ce que nous avions comme incompréhension pouvait vendre facilement. Nous
n'avons rien dit ils nous ont amené jusqu'à leur base toujours à Kamanyola, cela
a eu lieu vers 17h.
Dans la
réunion nous étions au nombre de vingt-quatre, on nous a pris passant dans le quartier
liés, une corde trois ou quatre personnes comme des voleurs. Arrivés à la base on
nous a fait asseoir par terre où beaucoup de gens chargés de la sécurité et renseignement
du milieu passaient à tour de rôle. Tout celui qui venait avait en tête que ce sont
des rebelles qu'on venait d'arrêter mais curieusement ils trouvaient que ce n'étaient
que des civils et pas d'étrangers.
Ce qui
est drôle est qu'ils avaient déjà fait un tapage impossible en donnant cette fausse
information jusqu'à l'instance suprême du pays où on leur a dit de nous garder ils
vont nous transférer à Kinshasa. On nous a mis dans une maisonnette en boue et paille
où on nous a entassé avec d'autres que nous y avons rencontrés. Vers 21h deux camionnettes
sont venues de Bukavu avec beaucoup de militaires et on nous a entassé comme des
bois, impossible de bouger et aussi des militaires qui nous piétinaient.
Nous avons
alors quitté du lieu et après un kilomètre à-peu-près nous avons rencontré un grand
camion qui nous attendait. Celui-ci avait
des caractéristiques particulières. Là où on était les planches où se poser étaient
alignées de manière qu’entre deux planches il y a toujours un vide de sorte qu’on
peut tomber même sur la route en plein mouvement.
Quand
on a fait deux kilomètres nous avons eu une panne de crevaison. Pendant qu’on reparait
une forte pluie s’est abattue sur nous. Nous étions dans des très mauvaises conditions
aussi. Les mains des cinq personnes étaient liées au même point, comment s’asseoir
alors quand là où nous étions assis était un pneu qui était circulaire aussi ? De
fois quand on bougeait le pneu nous laissait aussi pour rester en l’air ou rester
accroupi. D'autres étaient assis sur des bâches qui étaient
pleines de boues. Le déplacement était très pénible avec les secousses des escarpements
de ngomo.
Après
la première réparation nous avons continué et il pleuvait sérieusement mais on n’avait
pas à faire et on n’avait pas de choix, certains de nous n’était plus à mesure de
parler tellement qu’ils tremblaient. Après cinq autres kilomètres, nous avons connu
une autre panne qui nous a immobilisé encore mais toujours sous la pluie.
Puis nous
avons continué jusqu’à la destination qui était le cachot de la DEMIAP (Détection
Militaire des Activités Anti-Patrie) à Nyamunyunyi à Kavumu et nous sommes arrivés
vers 5h du matin, certains ne savaient pas marcher, d’autres ne pouvaient pas parler.
Sur la
porte du cachot était écrit : « Université sans professeur, Faculté de discipline
». On pouvait lire
aussi juste en bas : « Ici tout le monde est innocent »
Le soir
du jour que nous sommes arrivés quatre de nous sont partis par on ne sait quel moyen.
On dira que ceux-là sont ceux qui nous ont trahis.
A Nyamunyunyi
nous sommes restés là mais nous avons vécu mal que les animaux. Premièrement on
ne se lavait pas ni lessiver les habits. Le cachot était comme une salle vraiment
obscure et les militaires emprisonnés que nous avons rencontrés fumaient du chanvre
de manière qu’on se sentait dans un état inconnu. On avait soif et on ne pouvait
pas trouver une goutte d’eau. Ceux qui avaient des besoins ils les faisaient à l’intérieur,
imaginez l’odeur alors. Si on nous donne à manger c’était une fois et il faut voir
quel type de nourriture. C'était le petit-pois avec le foufou de maïs, ce qui est
grave on n'avait pas d'assiettes, on ramassait des cartons très sales sur lesquels
on nous mettait la bouffe et après avoir mangé il n'y avait ni eau pour se laver
les mains ni pour boire.
Nous sommes
restés dans ces conditions là. Six jours après, le soir quand nous avons terminés
à prier un véhicule plein de militaires est arrivé et c'était vers 20h30 quand on
a pris au nombre de douze personnes sur vingt qui restaient pour nous entasser avec
brutalité dans une caisse de la camionnette et nous amener à Bukavu au bureau de
renseignement où nous avons passé nuit dehors dans le froid. On y a trouvé quatre
étrangers dont deux burundais et deux rwandais.
Les huit autres sont restés à nyamunyunyi.
Très tôt
matin on est venu encore une fois on nous a mis dans une camionnette pour nous conduire
au port en vu de prendre un bateau pour Goma et cela était vers 6h du matin. Le
bateau a démarré à 7h30 comme d'habitude pour Goma rt nous sommes arrivés à Goma vers
14h. Dans notre voyage on nous a donné chacun juste un morceau de
pain et un morceau de saucisson et une bouteille d'eau. Arrivés au port
de Goma c'était comme une alerte comme si on amenait des grands criminels et il
faudra voir le mauvais accueil que les militaires nous ont réservé et
comment en nous mettant dans leur véhicule on nous prenait
comme des objets et nous ont conduits jusqu'au bureau de renseignement de Goma.
On était
à douze plus les quatre étrangers comme nous
l'avons dit tantôt
et on a pris quatre de nous plus les quatre étrangers on n'est parti nous enfermer
chez un des colonels chargé de renseignements et les autres sont restés là où on
était. Les quatre étaient ceux qui étaient supposés être les dirigeants du groupe.
La maison où on nous amis avait beaucoup d'ouvertures de sorte qu'on était comme
on est dehors en matière de température et il faisait vraiment très froid et difficilement
on résistait la nuit.
Les conditions
ici n’étaient pas faciles. C’est vrai on nous donnait à manger une fois par jour
mais on n’a pas eu l’occasion de prendre la douche. Nous étions dans un enclos au
rythme de Goma mais pour aller aux toilettes on devait aller dans un autre enclos
à côté mais en passant au dessus pour descendre sur une échelle. Monter sur l’enclos
était toute une gymnastique parce qu’on devait s’accrocher sur des fers à bêton
et c’était très difficile.
Pour descendre
sur l’échelle de l’autre côté il faut voir comment c’était. L’échelle en soit était
telle que à certains endroits il y a des barres qui n’étaient pas donc on devait
faire comme on saute une barre. Pour beaucoup
de nous cette gymnastique n’était pas facile. Il faut voir comment dans ce processus les gens finissaient
leur besoin sans arriver aux toilettes.
Nous sommes restés là dans ces conditions pendant quelques
jours puis le 17 mars vers 11h on est venu
nous prendre nous huit. On nous a cette fois donné de l’eau pour nous laver, on
nous a aussi acheté des habits parce que ce qu’on avait n’était plus au modèle d’homme
puis après on nous a pris pour l'aéroport et vers 15h on a décollé, transféré à
Kinshasa où nous sommes arrivés à l'aéroport de Ndjili à 17h. Nous avons beaucoup
traîné là-bas à cause de la désorganisation puis on a amené un minibus qui nous
a transporté jusqu'au cachot de la Demiap cela vers 20h. Mais les huit autres de nous sont restés à Goma.
Arrivés
nous avons trouvé que les prisonniers avaient déjà pris le repas du soir.
Ils se sont arrangés pour nous trouver quelque chose à mettre sous la dent et on
a dormi. Le cachot était très propre avec l'eau en permanence et en grande quantité
mais les cellules étaient trop petites avec un grand nombre de gens d'où on était
presque étouffé.
On mangeait
une nourriture propre et dans des assiettes propres mais une très petite quantité
qui diminuait aussi parce qu'on augmentait les prisonniers mais la quantité de nourriture
fournie restait la même d’ou le partage était aussi difficile. Le matin on nous
faisait quelques centilitres du thé sans quoi que ce soit.
Ici nous avons vraiment souffert et nous avons vécu la méchanceté des gens mais aussi nous avons vu qu'il y a encore des gens de bon cœur qui peuvent aider
même si vous n'êtes pas frères biologiques. Les conditions étaient telles que vous
ne pouviez pas sortir dehors, juste rester dans les cellules avec tout ce qui avait
comme température. Nous n'avions pas droit à la communication ni
à la visite de sorte que les cinq mois que nous avions passés là même nos familles
ne savaient pas où nous sommes. Certaines pensaient qu'on nous avait déjà tué d'ailleurs.
Même ceux
qui croyaient qu'on pouvait y être on leur montrait qu'on n'est pas là et d'autres
escroquaient les visiteurs par différents mensonges. L'argent on ne pouvait pas
trouver et ce n'était pas permis d'en avoir mais ce qui est curieux on nous vendait
du pain. On avait des soins qui étaient vraiment fantaisistes de sorte qu'on pouvait
te donner facilement un médicament que d'avance toi qui es profane dans la médecine
tu peux voir qu'il n'y a pas de relation avec la maladie.
Ici nous avons vonnu des traumatismes
psychologiques du fait que certains de nous sont tombés sérieusement
malades et ne pouvaient pas être amenés à l'hôpital pour
les soins. Le 07 mai 2017, ceux-là qui sont restés à Goma nous
ont aussi rejoint à Kinshasa et le nombre était alors
vingt.
Le 25
juillet 2017 on a transféré notre dossier à l'auditorat militaire général et nous
avons été transférés à la prison militaire de Ndolo.
Notre
arrivée à Ndolo était vers 18h30 parce que nous sommes passés d'abord à l'auditorat
où nous avons passé un long temps. On nous a fait passé d'abord dans une douche
de dehors avant d'entrer en prison sous prétexte que nous devons laisser les mauvais
esprits avec lesquels nous sommes venus dehors. Après la douche on nous a fait entrer
dans un pavillon qu'ils appellent « Hébergement ».
Dans celui-ci
on y met tous les nouveaux venus et d'autres qui ne sont pas capables de payer quelque
chose pour y quitter. A l'intérieur il faisait chaud et on se demandait si vraiment
on peut vivre là. Quand il a été temps de dormir c'est là que nous avons eu une
plus grande amertume. Il y avait quelques lits bien-sûr où les gens anciens dormaient
deux par lit et tous les autres alors dans un très long couloir de ce dortoir les
gens rangés l'un après l'autre et cela par terre.
La position
de la tête de l'un correspondait alternativement à la position des pieds de l'autre
sur toute la longueur de la salle. On te donnait une position possible qui est l'un
des côtés. Tu ne peux pas changer sinon il faut obliger tout le monde de tourner.
Pour aller aux toilettes tu dois sans le vouloir marcher sur les autres parce qu'il
n'y a pas d'autres solutions.
Trois
jours après moyennant une somme d'argent certains commençaient à être transférés dans
d'autres pavillons. Dans ces nouveaux c'était aéré par rapport au premier
mais les conditions étaient presque les mêmes, on devait dormir par terre et pour avoir un lit on doit encore donner de l'argent.
Nous sommes restes alors à la prison
militaire de Ndolo et notre dossier étant en instruction à
l'auditorat militaire. Après la conclusion de l'instruction a été que le
dossier soit transféré au parquet civil car d'après eux ils n'ont
rien vu à notre charge,
pas d'effet militaire et par conséquent ce sont des
juridictions civils qui pouvaient nous juger. Le dossier a alors été transféré au parquet
civil de la Gombe et nous avons été transférés à la prison centrale de
makala où nous
sommes restés le reste de notre temps.
Nous sommes restés alors à Makala attendant dans quel mécanisme on sera libéré
mais à un moment tout le monde s'est tu. On entendait et nous qui étions supposés
être libre parce que l'auditorat militaire qui était supposé nous condamner nous
avait lâché. Nous avons écrit des lettres partout où nous avons cru trouver une
solution mais ça ne donnait rien toujours.
Tous les magistrats à qui on donnait le dossier pour instruction demandaient
une main levée de la détention mais on ne comprenait pas pourquoi on ne partait
pas. On a pu découvert que c'est juste le Procureur général de la République qui
ne donnait pas accord mais plutôt a proposé qu'on nous transfère encore à Bukavu
après dix-huit mois de détention vraiment. Personne n'a compris ce qui se passe
et même le ministre de la justice lui a écrit une lettre lui demandant qu'est-ce
qui a motivé sa décision mais on n'a pas juste su ce qu'a été sa réponse.
Nous sommes restés dans ce silence jusque le jour où nous avons rencontré une
avocate qui nous avait convaincu qu'elle pouvait décanter la situation. Réellement
elle a fait ses contacts comme elle l'a pu et on voyait l'évolution de ce qu'elle
faisait.
A un moment elle est venue nous dire que ça évolue bien et nous proposé de déposer
des demandes de liberté provisoire mais ce n'était pas gratuit non plus. Certains
qui avaient l'argent ont pu payer et les premières demandes ont été acceptées. La
libération alors devait être cautionnée pour dire qu'on devait payer avant de te
donner le document qui te libère et pour quitter la prison. Les gens ont commencé
à chercher et certains qui ont trouvé en premier lieu ont donné.
Le jour qu'ils devaient partir, l'avocate arrivée au parquet, elle trouve que
depuis longtemps déjà le dossier était transféré à Bukavu et que ce n'est pas possible
de libérer quelqu'un là où le dossier n'est pas. On est entré dans le dilemme, quoi
faire alors? Soit on nous amène tous là où le dossier est, soit on ramène le dossier
là où nous sommes. Dire qu'on nous ramène là on ferait encore beaucoup de mois à
cause du désordre et désorganisation du gouvernement. Nous avons alors choisi que
le dossier nous rejoigne à Makala mais comment? Nous avons proposé qu'on le mette
sur DHL comme ça on le prend une fois arrivé mais ils ont catégoriquement refusé
en disant que c'est un dossier sensible qui ne peut pas partir dans n'importe quelle
condition. Nous avons été obligé d'opter pour l'envoie d'une personne à partir de
Kinshasa et cette personne doit être celle que le parquet accepte.
Heureusement en proposant à notre avocate elle a été d'accord. Le problème maintenant
est resté comment trouver son transport, logement et restauration et de cela de
manière rapide? Cette question était devenue une énigme qui ne trouvait pas de réponse
mais à la fin on a dû opter qu'on prenne les parts de ceux-là qui avaient déjà payé
leur cautions pour résoudre. On a fait et l'avocate est partie sans problème. A
Bukavu, elle a pris une chambre à l'hôtel et c'était juste pour deux jours.
Elle a finit ses démarches sans problème mais il fallait aussi payer la caution
bien-sûr pas au modèle de Kinshasa, c'était sa moitié d'ailleurs mais l'argent n'était
plus. Comment rentrer sans amener ce qu'elle est partie prendre? Ça serait raisonner
à l'Idiot or on ne va pas lui faire les ordonnance de libération sans cette caution
là. Elle qui devait être là pour deux jours les jours étaient déjà largement dépassés
et nous étions supposés supporter son séjour. Elle est entrée là en contact avec
nos familles mais froidement les uns honoraient en donnant la caution. On est arrivé
de toutes les façons à avoir la partie qu’elle devait laisser là-bas et elle est
rentrée à Kinshasa avec le nécessaire.
Un problème s’est posé. Etant au nombre de vingt seulement
cinq personnes avaient payé la caution pour être libérés. Le dossier ayant un seul
numéro il a alors paru difficile de laisser partir certains et de garder d’autres
en détention. Aussi d’autres qui n’avaient pas encore payé ne voulaient plus le
faire car ils pensaient qu’on demandait l’argent juste pour bouffer mais plus pour
la cause. Alors ils ont jugé se taire et la situation est restée telle quelle.
Aussi ce qui a poussé que d’autres ne voulaient plus payer
est qu’il y a une grâce présidentielle qui était déjà annoncée et ils voyaient qu’ils
pouvaient payer et pourtant on était éligible par cette grâce d’où une perte inutile
d’argent.
Le temps dont la mesure de grâce présidentielle devait commencer
à être appliqué a largement dépassé et rien n’a été fait en ce sens. De cela on
a jugé bon de demander qu’on mette le dossier au tribunal comme-ça qu’on nous juge
une fois pour toute.
Le dossier a été alors fixé au tribunal de grande instance
de Gombe et en la date du 25 mars 2019 on a comparu pour la première fois pour continuer
le 1er Avril 2019. Une semaine après on devait suivre l’avis du ministère
public et faire la plaidoirie.
En ce jour précis, le débat entre nos conseils avocats et
le tribunal était musclé et vraiment le ministère public sans honte a proposé pour
nous la peine de mort. Mais nos avocats ont vraiment défendu si bien
que le jugement prononcé en la date du… nous a acquitté.
Dans le
processus nous avons fait beaucoup de dépenses c'est vrai mais
aussi nous avons perdu beaucoup d'argent à cause de la mauvaise foi
de beaucoup de personnes. Même ceux-là que nous pensions plaider
pour nous et qui devaient nous aider parfois nous compliquaient aussi.
Les dépenses effectuées et qui restent
encore à payer
sont les suivantes. A noter que nous n'avons pas mis en détail mais
selon les différentes places où nous sommes passés.
- Prison Ndolo : 35 060 USD
- Prison Makala : 36 620 USD
- Camp Kokolo : 7 200 USD
Ce qui donne un montant total de 78
880$
Pour
l'ARI DR Congo
CHRISTIAN BIRINDWA A.
Secrétaire Exécutif du C. A